« Un matin, j’ai entendu un chant »

On a posé des questions random à Mary Shelley, ici se trouvent ses réponses.

Mary Shelley (1797-1851)

Petit rappel : en avril 2023, j’ai organisé une soirée d’écritures spirites avec des ami·es. Nous avons posé des questions à trois figures de la littérature fantastique et horrifique : Edgar Allan Poe, Mary Shelley et Howard Phillips Lovecraft. Concrètement, nous avions du vin et des feuilles de papier, ingénieusement transformées en vieux parchemin par Laura, quelques stylos et des convives flamboyants prêts à jouer. Chacun notre tour, nous posions une question à Edgar, Mary ou Howard. Chaque membre de l’assemblée devait ensuite, en quelques instants, écrire un réponse comprenant obligatoirement trois mots donnés au hasard. Puis nous les lisions à haute voix.
Avec l’accord de cette troupe, je retranscris ici les réponses reçues de « l’au-delà » (et j’assume un parti pris de mettre ma pref en gras).
Auteurs et autrices (par ordre aléatoire) : Vincent, Fersatard, Marine, Élodie, Cyrille, Michel, Nour, Amandine, Wilfried, Gwenn et moi-même.

Chère Mary, tu as perdu ta virginité sur la tombe de ta mère. Comment vit-on sa sexualité après ça ?

Écoutez, les choses sont simples lorsqu’on garde l’espoir porté par la vision de garder ses envies de pleurer, les frissons à tout jamais perdus. La passion, elle aussi perdue.


J’ai espoir que mes visions ne soient pas réduites au silence et que l’envie ne me fasse plus pleurer.


Dans un espoir de vie
Une vision du futur
Un silence de mort
Mon envie, ton envie
Nous pleurons sur ta tombe


L’espoir m’a permis de conserver une vision positive de la sexualité, malgré le silence qu’on imposait à mes envies, parfois jusqu’à en pleurer.


J’avais l’espoir de laisser une vision de moi au monde. Le silence m’a donné l’envie de perdre mon essence la plus précieuse. Je n’ai pas réussi à pleurer.


J’avoue que je n’ai plus d’espoir. Je suis restée dans ces visions, ces envies puis il n’y avait plus que le silence. J’ai beaucoup pleuré.


Sans espoir, en attente d’une vision et face au silence mortel, mon envie surgie soudaine et violente. J’en pleure parfois en y pensant.

Chère Mary, qui t’a inspiré ton personnage du Dr. Frankenstein ?

Le chant de mon inspiration pour ce personnage a provoqué une ligature dans mon esprit comme cette gouge*qui prit ma virginité au firmament de façon comptable.


Dans un champ de possibles, il nous faut une ligature ou une gouge. C’est, finalement, dans le firmament que j’ai trouvé ce foutu comptable qui fût le réceptacle de mon mépris.


Le chant qui ligature avec des gouges le firmament comptable de Lehmann Brothers.


La sensation d’être perdue dans un champ, d’être une ligature déchirée, de n’avoir aucune gouge. Mais le firmament m’a donné un personnage aussi chiant qu’un comptable.


Un homme de mon passé, présent comme un chant d’enfance. Une ligature de l’esprit, une gouge qui te plombe l’estomac. Pour le trouver, interrogez le firmament. Vous y trouverez un sale comptable puant.

Un matin, j’ai entendu un chant. Il y avait une ligature en bas de chez moi au firmament. C’était le comptable qui avait le visage mutilé.

Mon maître, cette chose, cette pensée, le lien fut comme un chant, une révélation qui s’avérera une ligature et par une gouge devint un firmament qui me perdit dans l’ordre comptable.


Il était un artiste qui chantait la ligature au firmament et recevait la gouge du comptable.

Quelle est la question de Nour ?

Le fiel est en moi. Une véritable incision. Elle m’absorbe. Je ne suis plus. Je suis prisonnière au cou par une ceinture. Je fais le vœu que la question soit moins bête.


Le fiel qui coule de l’incision est absorbé dans la ceinture. C’est son vœu et la question de Nour.


Nul doute qu’avec tout son fiel, sa question est pleine d’incision. Elle vise à absorber l’énergie de ses camarades : d’un coup de ceinture. Comment faire exaucer ses vœux ?


Une question pleine de fiel qui fait des incisions dans ton âme. Elle pourrait absorber les heures qui passent, la ceinture autour du cou. Finalement, Nour, quel est ton vœu ?


Du fiel de Nour je ne reçois qu’une incision profonde et douloureuse qui m’absorbe. Cette ceinture me prend et le laisse sans vœu.


Le fiel qui coule de l’incision est absorbé sous la ceinture. C’est son vœu et la question de Nour.


Le fiel incise la joie de la ceinture pour un vœu ?

Ce soir-là, durant l’orage, au milieu de poètes dont tu ne faisais pas partie, as-tu vraiment ressenti la peur ?

Dans l’enfer de cette soirée où je me sentais comme un pirate à l’eau de rose, je tremblotais parmi eux et la peur en effet m’enlaçait comme une truite dans le seau d’un pécheur.


L’enfer est moins terrifiant que ces pirates. Seule la rose posée sur la table a su faire marcher mon esprit bondissant comme une truite pour qu’elle arrive à son terme.


C’était l’enfer. Un pirate ivoirien m’a arnaqué par téléphone rose et mon argent s’est retrouvé sur le marché aux truites.


J’eus la sensation que l’enfer allait s’abattre sur moi. J’étais telle un bateau, envahie par des pirates. Telle une rose foudroyée, je ne pouvais plus marcher sans trembler. J’étais con(truite).


Être la seule poète peut sembler être de la piraterie. L’odeur de rose piétinée sur le marché de la veille m’a donné autant d’horreur qu’une truite.


Mon besoin de reconnaissance était un enfer. Je me sentais comme un pirate. J’ai marché au milieu des épines de roses, je me sentais comme une truite.

Ma liberté cherchée dans l’enfer de ses pirates imbus d’eux-mêmes m’a permis, dans la rose langueur du doute, de parvenir à penser, écrire, créer et les laisser, ces hommes marcher comme des truites.


Oui c’était l’enfer des pirates de la poésie ont volé la rose au marché à la truite.


De l’enfer pour ces pirates sans aucune rose en main, à marcher dans un nid de truites.


C’était l’enfer des pirates de la poésie rose qui ne marche pas, un peu comme les truites.

Chère Mary, quel est le titre de la thèse du Dr. Frankenstein ?

Un peu de tout. Un peu de rien. Il s’enfuit dans un vide acide. Le moteur de sa pensée est un dégoût de la vie, un excrément de fruit, de l’orange ou autre. Peu importe. C’était inutile.


S’enfuir après avoir pris trop d’acide est-il le moteur des excréments des petits hommes oranges ?


Comment s’enfuir d’un bac d’acide à l’aide d’un moteur à excrément orange.


Il souhaitait s’enfuir de la réalité acide et avait donc choisit un sujet moteur : Comment créer la vie, la trouver au sein d’éléments, d’organes aussi sales que des excréments. L’orange aurait été une meilleure inspiration.


Il s’est enfuit de sa soutenance. Avec la quantité d’acide dans son organisme et toutes ses capacités motrices désorganisées. Il s’est trouvé un nouveau sujet lorsqu’il déposa ses excréments sur la tombe de sa mère dans une orangeraie. Malheureusement pour lui, il a oublié.


J’ai beaucoup travailler sans pouvoir m’enfuir. La science est acide pour ceux dont elle est le moteur. Alors que nos excréments ne sont jamais à la hauteur de nos rêves oranges comme des dromadaires. Désolée, je ne préfère pas répondre.


La création de l’être acide potentiellement en fuite dont les excréments oranges sont des moteurs de son âme.


Son sujet, l’acide théorique sur le moteur à excrément orange, lui fit honte.


La fuite des acides du moteur secrète-telle des excréments orange ?


S’enfuir un jour sous acide, est-ce le moteur d’une vie sans excréments oranges ?

Vous avez tout ce qu’il faut pour reproduire cette séance ! Dans 15 jours, revenez par là pour découvrir les réponses de Lovecraft.

En attendant dites-moi quelle est votre réponse préférée en commentaire.

Lexique des mots inhabituels

gouge

Ciseau creusé en gouttière, dont se servent les menuisiers, les forgerons, les chaudronniers, etc.

Illustration de l’article : Portrait de Mary Shelley par Richard Rothwell 1831-1840, National Portrait Gallery, London , CC BY ND NC


En savoir plus sur Les lettres de Phobós

Commentaires

Une réponse à “« Un matin, j’ai entendu un chant »”

  1. Avatar de Isabelle Sinet arouto
    Isabelle Sinet arouto

    Je me délecte à lire ĺa variété des développements plus ou moins concis ,plus ou moins poétiques , voire phantasmagoriques selon la psyché de chacun .. merci pour le partage..bise

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