Aujourd’hui, Fhionn a disparu. Il a quitté la maison sans dire un mot. Est-il retourné à l’Usine ? Est-ce pour ça qu’elle mugit plus fort ? A-t-elle eu ce dont elle avait besoin ?
Il faut que tu comprennes : Nilsen s’est trompée. Notre mission est un échec. Nous n’avons découvert aucun secret de Phobós. Pourtant, elle nous a dépouillés de tous les nôtres. C’est elle qui nous a trouvés. Je crois que c’est ce qu’elle voulait depuis le commencement : un passage pour notre monde qui soit plus grand. Ici, il n’y a ni rêve ni cauchemar car c’est là qu’ils naissent pour être déversés sur nos nuits. Le maelström ne détruit pas notre monde. Il le manufacture jour après jour, nous renvoyant ce que nous sommes. Bientôt, tout sera bien pire. Tu verras les océans de tourbillons. Tu les verras venir de loin. J’imagine que tu paniqueras. Tu te mettras sans doute à courir et à crier. C’est ce que tu fais déjà, mais lorsque la tour surgira de son trou, tu seras englouti. La peur aura une forme nouvelle. Celle d’une personne que tu ne connais pas mais qui ressemble à quelqu’un que tu auras déjà vu. Phobós a peut-être toujours été notre monde.
J’arrive à la fin de mon papier. Je n’en trouverais pas d’autre. De toute manière, il n’y aura plus rien à dire. Je pense à un homme mort depuis longtemps. Il écrivait « que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre ». Il disait aussi que « si tu regardes longtemps au fond de l’abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi ». Demain,je chercherai mon dernier compagnon dans les nuées.
Illustration de l’article : L’Enfer de Dante Alighieri, avec les dessins de Gustave Doré. Source gallica.bnf.fr / BnF.
Laisser un commentaire