Roulez !
Dépossédez !
Écrasez !
Tout le monde peut s’avantager aux dépens de tous
Et être frustré
Être roulé
Être dépossédé par tous.
Travaillez pour payer vos déplacements
Déplacez-vous pour travailler
Construisez les machines qui tueront mieux, qui tueront plus vite
Avec moins d’énergie
Attendez le jour béni.
Guettez-le sur les aires d’autoroutes
Soyez calmes
Travaillez bien, c’est important.
Obéissez aux lois.
C’est pas gentil d’être méchant.
ou
Abolissez les lois
Abolissez les privilèges
Abolissez la science de la tuerie et le luxe antisocial !
Abolissez le besoin d’être transporté !
Abolissez la vitesse.
Les forces de la vie se révoltent.
Ha.bi.ter.
Rendez les lieux habitables
pas circulables.
Tissez la commune
Trouvez votre vie bonne
Une vie. Une.
La poésie de lecture
Je ne me suis jamais exercée à écrire des poèmes avant celui-ci alors il ne vaut pas tripette mais j’avais quand même envie de le partager.
D’ailleurs, j’aime de moins en moins le verbe « tisser »1. Je trouve que cette métaphore devient de plus en plus un lieu commun, un cliché.
À part ça, ce poème existe grâce à Lucie qui avait animé un atelier sur la poésie révolutionnaire2 et nous avait proposé une méthode que je trouve belle et efficace : les poésies de lecture.
La méthode est belle car elle met en commun. Chaque personne apporte un ou plusieurs livres/textes sur le thème de la journée On se les fait tourner, on pioche des mots, des phrases, des impressions, on prend des notes.
La méthode est efficace car, à la fin, même quand on n’a pas l’habitude d’écrire, de poétiser, on termine avec quelque chose de concret. On peut aussi en faire tout autre chose comme des slogans, des textes à scander…
Les textes du poème
Pour cette poésie de lecture, j’ai pioché dans André Gorz, « L’idéologie sociale de la bagnole », texte paru dans le recueil Écologica en 2008 chez Galilée.
Puisque la bagnole a tué la ville, il faut davantage de bagnoles pour fuir la ville.
Ce texte est publié pour la première fois en 1973 dans la revue Le Sauvage sous le titre « Mettez du socialisme dans votre moteur » et sous le pseudo Michel Bosquet.
Le second livre que j’ai feuilleté durant cet atelier était un recueil de textes de de Voltairine de Cleyre, anarchiste américaine du 19e siècle que je connaissais pas un brun et dont le prénom, à ma grande surprise, ne figure pas dans le top 1 000 000 des prénoms les plus donnés à des enfants. Je ne suis plus sûre du titre de l’ouvrage. Vous n’avez qu’à tous les lire, ça ne sera pas du temps perdu3.
- Et pourtant, j’ai l’honneur de connaître une tisserande incroyable. ↩︎
- On a aussi fait un atelier de poésie bourgeoise durant lequel on a bien rit et que je partagerais plus tard ↩︎
- Je crois que c’était Écrits d’une insoumise, Québec, Lux, 2018 ↩︎
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